Activité attestée sur le territoire dès le XIIe siècle, la tannerie traditionnelle utilisait du tan (poudre d'écorce de bois), produit par quelques moulins du secteur, pour transformer les peaux en cuir. La tannerie trouvait ici ce dont elle avait besoin : l'élevage pour les peaux, la forêt pour le tan et des eaux de qualité via les rivières.
Les tanneries étaient nombreuses le long de la Vienne, notamment à Eymoutiers et Saint-Léonard-de-Noblat, qui en ont gardé des traces.
La tannerie a fait la prospérité d'Eymoutiers, en particulier au XVIIe siècle, au point que nombre d'habitations ont été reconstruites durant cette période. Le nom des habitants renvoie d'ailleurs à cette activité florissante : les Pelauds sont ceux qui travaillent les peaux (pellis en latin). Aujourd'hui encore, les greniers à claire-voie, ouverts sur l'extérieur et où les peaux séchaient une fois tannées, témoignent de cette ancienne activité, partout dans la ville.
Le plus bel exemple est probablement la maison dite du Maître Tanneur (rue Farges), datant du XVIIe siècle, classée au titre des Monuments historiques grâce à cette architecture si particulière.
La tannerie Bastin à Saint-Léonard-de-Noblat est l'une des rares tanneries en France à pratiquer le tannage végétal et non à base de chrome. A l'inverse du tannage chimique, généralisé aujourd'hui, le tannage végétal met plus d'un an à transformer les peau en cuir. Ce cuir épais, de très haute qualité, est ici utilisé pour les semelles des célèbres chaussures Weston.
Cette "Entreprise du patrimoine Vivant" se visite avec le Pays d'art et d'histoire de Monts et Barrages, toute l'année sur réservation, ainsi que l'été (4 dates : 2 début juillet, 2 fin août), toujours sur réservation. Les groupes sont limités à 15 personnes.
Moins connue, une usine de fabrication d'extraits tannants existait à L'Usine (comme de Saint-Denis-des-Murs). Construite au bord de la Vienne en 1892 par la société Huillard, elle déclina en lien avec la généralisation du tannage au chrome, beaucoup plus rapide, au détriment du tannage végétal. Après son rachat en 1951, le site ferme. L'usine est toujours debout, mais en mauvais état.