Eymoutiers, un bourg en pleine nature

Cette petite ville de 2055 habitants, un des bourgs principaux du Pays Monts et Barrages, est nichée entre des collines boisées annonçant le Plateau de Millevaches, en bordure de la Vienne.

 

Son origine est liée à la légende d'un ermite, Psalmet, qui serait venu s'installer au VIe siècle dans la forêt voisine de Grigeas (commune de Domps). Sur son tombeau aurait été élevée une première église, puis un premier bourg se serait formé avant de se développer autour d'une église de rang supérieur : la collégiale, toujours dominante dans le paysage pelaud.

Les bords de Vienne

Le Pré Lanaud, parc public au bord de la rivière, offre une vue superbe sur le bourg et ses deux monuments principaux :

la collégiale médiévale et l'ancien couvent du XVIIe siècle.

 

 

Les anciennes activités autour de la rivière

La Vienne est un élément essentiel du développement de la ville. Sa force a permis le transport du bois, flottant depuis la Montagne limousine jusqu'aux fours à porcelaine de Limoges, mais aussi le fonctionnement de moulins, notamment à tan (poudre d'écorce) qui fournissaient les nombreuses tanneries installées dans les faubourgs pour produire du cuir : un processus lent utilisait l'eau de la rivière et le tan issu des arbres afin de transformer les peaux de bêtes en cuir.

L'activité connut son apogée au XVIIe siècle (20 tanneries recensées en 1628), permettant à la ville de s'enrichir et de se reconstruire (la majorité des bâtiments date de cette période).

La dernière tannerie cessa son activité en 1926, face à la concurrence de l'industrie et du transport ferroviaire (arrivée du chemin de fer à Eymoutiers en 1881).

Des vestiges de cette activité sont toujours visibles en observant les maisons (greniers à claire-voie, ouverts à tous vents, qui servaient à faire sécher les peaux tannées, ancienne fosse...).

 

Le nom des habitants rappelle cette activité : les "Pelauds" (du latin pellis signifiant "la peau")

sont ceux qui travaillaient les peaux pour en faire du cuir.

"L'infini suspendu" de Christian Lapie

Inaugurée en mai 2013, cette oeuvre contemporaine présente 2 groupes de silhouettes sculptées en chêne centenaire noirci, face à face, semblant dialoguer de part et d'autre de la rivière. Réalisée par l'artiste Christian Lapie, originaire de Reims, elle évoquerait l'esprit de résistance, très fort dans ce secteur. Les silhouettes paraissent être des sentinelles veillant sur la ville...

L'oeuvre est le fruit d'une commande publique, financée par la municipalité d'Eymoutiers.

La Collégiale Saint-Etienne

Une collégiale est une église destinée à l'usage des chanoines, religieux vivant en communauté. Lorsqu'ils sont plusieurs on parle d'un "collège" de chanoines, d'où le nom de "collégiale" pour désigner leur église. Ils n'accueillent aucun paroissien. D'autres églises existaient à proximité pour recevoir les fidèles lors des messes, comme l'église Notre-Dame à côté de l'actuel Monument aux Morts.

Après la Révolution, la collégiale fut la seule église conservée dans le bourg d'Eymoutiers.

Ce statut particulier explique son architecture remarquable.

 La collégiale d'Eymoutiers combine architectures romane et gothique.

Les parties les plus anciennes remontent aux XIe-XIIe siècle (nef, parties basses du clocher).

Des transformations ont ensuite donné à l'église son style gothique : au XIIIe siècle, l'entrée est aménagée au sud, avec un portail de style "limousin" et une rose de style gothique rayonnant. Au XVe siècle, son choeur est entièrement reconstruit, à la suite de son incendie durant la Guerre de Cent Ans (1337-1453).

 

La collégiale est remarquable pour son ensemble de vitraux anciens, le plus important du centre de la France : 16 verrières du XVe siècle, situées dans son choeur gothique, lui valent son classement au titre des Monuments Historiques, reconnaissance de sa grande valeur patrimoniale.

Ces vitraux sont réalisés à la mode du XVe siècle : chaque registre (partie du vitrail) abrite un saint, debout devant une étoffe colorée, au centre d'un décor d'architecture. On peut reconnaître personnages, saints bibliques ou locaux, grâce aux attributs qu'ils portent, symboles de leur pouvoir, d'un épisode de leur histoire ou de la manière dont ils sont décédés.

Des scènes ou des détails sont aussi visibles... Levez les yeux ! Soyez curieux et observez !

 

+ d'infos sur la collégiale

(panneaux dans l'ordre alphabétique > chercher Eymoutiers)

L'ancien couvent des Ursulines

Deuxième monument majeur de la ville, ce couvent fut construit au XVIIe siècle. Il abritait les Ursulines, des religieuses dont la mission était d'éduquer gratuitement les jeunes filles pauvres. Elles ont quitté les lieux après la Révolution.

Depuis, ce bâtiment a connu plusieurs fonctions : collège  de garçons (1883), hôpital militaire accueillant les blessées venus du front pendant la Première Guerre mondiale (1914-1918)...

Il est reconnaissable à sa forme en L et aux arcades ouvertes au rez-de-chaussée, qui accueillaient initialement les jeunes filles pour leurs promenades.

 

Aujourd'hui, l'aile la plus longue est publique et abrite la mairie, la Maison France Services, tandis que l'autre aile, privée, a été transformée en logements.

La partie publique a été restaurée en 2023 par la commune.

La Font Macaire

En allant plus loin sur les bords de Vienne se trouve le "château" de la Font Macaire.

Cette demeure fut construite au XVIe siècle, comme l'atteste une pierre avec la date portée "1578" visible sur la façade (face à l'entrée, à droite de la tour).

Le bâtiment initial ne possédait pas de tour. Celle-ci fut construite en 1913, à l'initiative du propriétaire de l'époque, Henri de Joyet, comte de Juillac en Corrèze, afin de fêter sa réussite à l'Ecole Polytechnique (diplômé le 1er octobre 1913).

 

Des dépendances entourent le château depuis le XVIIe siècle : une étable abritait des vaches laitières (partie accolée à la maison), et dans l'aile face à l'habitation se trouvaient une écurie et une grange*. Derrière le château existe une autre grange, et côté entrée un pigeonnier (en haut du terrain).

Dans la cour, une ancienne pêcherie (réserve de poissons) n'est plus en fonction depuis l'après-guerre.

 

A gauche de l'entrée, une chapelle a été construite en 1676 par Jacques Ruben. Sa famille, vivant à la Font Macaire, a donné à Eymoutiers plusieurs prêtes, chanoines et édiles. Elle est dédiée à saint Jacques.

 

Les anciennes écuries ont été transformées en librairie, annexe de la Librairie Vignes (dans le quartier latin, à Paris), spécialisé dans l'achat et la revente d'ouvrages anciens et précieux.

 

Propriété privée : merci de respecter le lieu lors de votre passage à proximité.

  

 


La vallée de la Vienne, du Pré Lanaud à la Font Macaire, est un site inscrit depuis 1989

 

pour son "caractère pittoresque et ses richesses architecturales et historiques" :


Les gares et les chemins de fer

La ligne Limoges-Eymoutiers, inaugurée en janvier 1881, fait arriver le train à vapeur dans les campagnes, offrant une ouverture sur l'extérieure très attendue.

Sa capacité de transport bouleverse les logiques de production. De nombreuses activités traditionnelles déclinent (tanneries, moulins, flottage du bois sur la Vienne...).

La gare fait désormais partie du patrimoine pelaud.

 

Un autre "train", suivant des rails posés sur le bas-côté des routes, arrive à Eymoutiers en 1912 : le tramway. Fonctionnant à l'électricité grâce au barrage de Bussy (sur la commune), ce moyen de transport complète le tracé du train, afin de desservir au mieux toutes les campagnes. Le Département de la Haute-Vienne mit en place 4 lignes au départ de Limoges, dont la ligne n°4 passant par Châteauneuf, Eymoutiers, jusqu'à Peyrat-le-Château. 

Limoges-Eymoutiers : 53 km parcourus en 3h10 !

Ce système cessa en 1949, face à la concurrence des bus, privés comme publics.

A Eymoutiers, l'ancienne gare du tram' est toujours présente. Son architecture est bien différente des gares habituelles, plus sophistiquée. Cela peut s'expliquer par la "rivalité" avec la gare voisine du train. Cette gare est en cours de restauration en 2024.


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